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30 mars 2012

Le cadeau d'Ibrahim / Chapitre 25

Chapitre 25

Ma chère sœur,

Je t’écris pour enfin te donner de mes nouvelles. Après avoir perdu Alaïs et Amélie, je n’ai plus eu goût à vivre et me suis engagé dans l’armée. C’était une bien mauvaise idée, je le sais aujourd’hui mais n’y puis rien changer. Privé d’amour, je n’étais rien et oubliais que ma vie eut encore quelque valeur à vos yeux. Pardonne moi, petite sœur, de vous avoir tous délaissé, de vous priver des bénéfices que mon travail devait vous apporter. A présent, je n’ai plus rien à vous léguer, hormis une étole de soie que je porte en ceinture, contre mon ventre. J’aimerai la savoir pour Amélie si je devais ne pas revenir. Je garde en main trois petites sphères de bois qui ne sont rien, mais dans lesquelles j’ai mis le meilleur de moi ; j’aimerai qu’elles te reviennent. Ce n’est pas grand chose, je sais, mais tout ce dont je dispose pour te dire mon amitié.

Ne t’inquiète pas, je ne veux plus mourir et souhaite, au contraire, survivre à cette guerre. Dans quelques mois peut-être, nous rangerons les armes. La vie recommencera. Si Ebel me pardonne, je reprendrai place à l’atelier, louerai un grand appartement dans lequel vous pourrez, toi et les petiots, séjourner autant qu’il vous plaira. Petite sœur, peut-être me confieras-tu alors tes véritables projets. Cette fois, promis, tu pourras compter sur ce grand frère jusqu’alors absent. Je déplacerai les montagnes pour t’offrir une vie digne de tes attentes. Peut-être même que le vieux montera jusqu’à la capitale ! Je serai heureux de lui présenter les confrères, les belles choses que l’on découvre aux musées. Il sait si peu de notre monde.

Et, si Ebel ne veut plus de moi, je rentrerai au pays. Nîmes peut-être, ou Avignon. Je travaillerai dur pour monter mon affaire. Le labeur ne me fait pas peur. Même s’il faut repartir de zéro, j’y parviendrai. Pour moi, pour vous, pour cette vie retrouvée, pour toutes celles tombées à mes cotés. Cette guerre aura tué l’égoïsme et la timidité qui me tenaient captif. Je me sens fort maintenant, prêt à me battre, pour nous tous. Dit bien au vieux et à toute la famille combien je vous aime et comme j’ai changé. Je suis à vos côtés à présent. Ne l’oublies pas, Odette, sitôt la guerre finie, je reviens vous embrasser.

Les quelques batailles traversées m’ont épargné quand je voulais mourir, je veux vivre à présent et saurai bien me préserver. Mon gri-gri, tu seras si vieille quand il te reviendra que tu n’auras plus de dents pour en sourire ! Je t’aime ma sœur, prends soin de toi et de tous. Je vous embrasse.

Paul

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