Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mots en ligne
19 avril 2012

Le cadeau d'Ibrahim / Chapitre 28

Chapitre 28

Lucas conduit. J’ai confiance en lui. J’ai confiance en nous car j’ai enfin confiance en moi. Je sais qui je suis, même si je suis tout à la fois. Un arbre au détour d’un sentier dont la sève mêlée à mon sang m’a conduit vers Ebdel, mon ami Ebel. Trois petites perles de bois perdues dans l’histoire, les retrouverai-je ? Et toi, Paul ? Toi qui les façonna, ta présence me fait homme par instant. Homme et femme à la fois, comme les escargots ? La bave en moins ? Non, je suis femme et le resterai jusqu’à la prochaine fois. Ah ! Le rocher, elle était douce cette vie là. Penser à devenir rocher dès que le stress m’envahira. Oui, le rocher, un bon truc pour se calmer. Toute la vie mais de loin, sans obligation d’agir, être là pour quelques millénaires, au repos et comblé. Toutes ces vies... C’est logique à présent, comprendre au delà de l’humain parce que je suis toutes les formes du vivant. Lucas m’a mené à moi et il y avait tout. Reste une question : pourquoi moi ? Pourquoi tant de souvenirs ? Pourquoi n’en ait-il pas de même pour tous ? Idée ! Un cadeau d’Ibrahim, sans doute...

    - Lisa ? Ça va ? Tu sembles lointaine.
    - Oui, je pensais.
    - Tes parents ?
    - Non. Mais dis-moi. Tu as dû les voir pour prendre les cadeaux ?
    - Oui. Ta mère seulement.
    - Comment était-elle ?
    - Es-tu certaine de vouloir entendre cela ?
    - Umm
    - Elle était mal. C’est difficile à dire, tu vois... Pas adulte. On aurait dit
     une petite fille qui a perdu sa mère.
    - Ouais. C’est à peu près cela, une mère qui a perdu sa fille, cela doit
     faire pareil.
    - Mais. Vous allez vous retrouver, n’est-ce pas ?
    - Oui, bien sûr. Quand même, je l’ai blessé.    
    Ne t’inquiètes pas Lucas, je suis lucide mais pleine d’espoir. Ça va
     aller.    
    On arrive bientôt ?
    - Au moins une heure encore.
    - Je vais dormir un peu. Cela ne te dérange pas ?
    - Non, ça roule. Je te ramène chez toi princesse. Dors.

Et Amélie ? Qui est-elle aujourd’hui ? Une plante verte dans un salon, une vieille femme espiègle, un homme ? Peut-être toi, Lucas. Qui sait ? Comment te reconnaître, douce Amélie ? Te reverrai-je ? Et Goulette, mon Odette, qu’as-tu fais de ta vie ? Je chercherai vos traces...
Que faire de tout cela ? Cette mémoire revenue, ce savoir ancestral, accumulé d’une vie à l’autre, et toujours, les mots de tête, ces antennes branchées sur la vie dans toutes ses formes. Que faire de tout cela ? Je vais devenir dingue. D’abord, retrouver les lettres de Paul. C’est le plus proche de moi. Ensuite, je pourrai démêler ses souvenirs et, peut-être, comprendre comment il est passé de lui à moi. C’est dingue... En même temps, c’est super excitant. Bon ! On verra !
J’ai le temps. Pense plutôt à tes parents, petite sotte, tu vas bientôt les
retrouver. Et Lucas, mon Lucas, ce grain noir au coin des lèvres. Je t’aime. J’aimerai...
Si j’osais. Quelques ondes suggestives.
    - Tu dors ?
    - Non. On fait une pause bisous ?
    - Tu lis dans mes pensées, Mélusine !
    - Là ! Arrêtes-toi là !
    - Tu sais, tes parents pourraient me poursuivre pour détournement de
     mineur, me faire enfermer.
    - T’inquiètes. Ils t’aiment mais ne le savent pas encore.
    - Tu es folle !
    - Je sais. Ce n’est plus un problème. J’accepte la folie maintenant.
     J’adore cette folie, même !

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité